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29 février 2012

De choix et de hasards

Ma vie actuelle semblerait tellement improbable à mon moi enfant et ado (que nous appellerons Claire, parce que… elle s’appelait Claire).

J'ai dû mal à imaginer où j’en serais si Claire n'avait pas été aussi têtue, peureuse, faible et obstinée à ne rien faire qui ressemble de près ou de loin à ce que faisait son grand frère.

Déjà, je me demande ce qu’il se serait passé si je n’avais pas été terrifiée par les grands de CM2 et si j’avais accepté de sauter le CM1.

Et si j’avais accepté les résultats de ce que je n’ai su que bien plus tard être un test de QI et que j’avais, comme mon frère, fait le collège en 3 ans à l’Immaculée Conception ?

Et si mes parents avaient renoncé, face à mes protestations, à me mettre en classe d’anglais intensif puis européenne pendant tout le collège ? Sachant que ce sont précisément ces cours qui m’ont fait aimer l’anglais, les 6 dernières années prennent un tout nouveau sens si on exclut ce facteur de l’équation.

Et si le théâtre n’avait pas été si important pour moi et que j’avais été à David d’Angers au lycée plutôt qu’à Saint-Martin ?

Et si, prise dans le dilemme de l’orientation en fin de seconde, j’avais opté pour le second choix dans la balance et que j’avais fait S, ce qui aurait pertinemment pu arriver ?

Et si j’avais cédé à mon père en allant faire une prépa éco après le bac, quand je ne savais pas du tout quoi faire de ma vie ? Au lieu de perdre un an à ne faire pour ainsi dire rien, j’aurais perdu un an à bosser comme une malade des matières qui ne m’intéressaient pas.

Et si j’avais cédé à une autre des idées qui m’ont traversé la tête au lycée, quand je ne savais absolument pas quoi faire de ma vie ? Si j’avais choisi des études de com, éducatrice de jeunes enfants ou professeur des écoles ?

Et si j’étais partie faire du théâtre pour de vrai ?

Et si l’anglais ne m’avait pas manqué profondément en un semestre de droit et que je n’étais pas finalement partie en fac de langues sans plus d’idée de ce que je pourrais en faire, et bien qu’ayant affirmé haut et fort à qui voulait l’entendre que « J’aime l’anglais mais je ne veux pas en faire mon métier » ?

Et Paris ? Jamais, à aucun moment de ma vie, il n’a été question de vivre à Paris.

D'une certaine façon, j'ai le sentiment que je ne devrais pas être là. Je devrais faire des sciences quelque part ailleurs ou m'occuper d'enfants en difficulté.

Je me demande ce que penserait Claire en sachant qu’il aura fallu 24 ans pour que je sois heureuse, en faisant un métier que je n’aurais jamais imaginé, dans une ville que j’ai toujours cru détester.

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