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27 juillet 2012

La manière forte

Suite au décès prématuré de cinq sur mes sept jeunes pousses de coquelicot, ma mère et moi avons décidé de passer à des méthodes un peu plus radicales pour motiver les deux survivantes à pousser.

"Rory, John, vos ancêtres ont tellement déchiré que Monet les a peints et qu'ils sont aujourd'hui exposés au musée d'Orsay. Alors, on se bouge un peu."
Sinon, sur un autre sujet, ma mère a apparemment décidé qu'il était vain de tenter de combattre mes obsessions et qu'il était bien plus simple de les tolérer, voire de les nourrir.
Du coup, grâce à elle, la déco de mon appart tend de plus en plus vers le total look coquelicots.

(Elle a même accepté de me suivre dans la salle des Van Gogh du musée d'Orsay, mais il faut dire qu'elle ne savait pas que j'allais lui désigner du doigt L'Eglise d'Auvers-sur-Oise en m'extasiant : "Regarde, il n'y a plus de monstre à la fenêtre de l'église, c'est grâce au Docteur et à Amy !" Après, par contre, il se peut qu'elle ait regretté son choix.)

19 juillet 2012

Instinct

Parce qu’il arrive que suivre son instinct se révèle payant, je me suis retrouvée ce week-end à acheter sur un coup de tête une place pour L’Avare ce mercredi soir (hier, donc). Partie pour consulter le programme de Paris : Quartiers d’été par simple curiosité, je n’ai su résister à l’envie de réviser mes classiques.

Par Agatha Christie, cette idée s’est-elle révélée lumineuse.

Ainsi, sans aucune autre information que la nationalité afghane des comédiens et toujours un peu sous le coup du traumatisme MacBeth (oui, toujours…), me suis-je pointée avec Bilbo sous le bras dans un théâtre du 13e.

(Ceci est un article sans transitions et qui le vit bien.)

1) Le détail technique auquel je n’avais pas réfléchi (pourtant, c’était indiqué dans le programme) : qui dit troupe afghane, dit pièce en persan et dit surtitrage (c’est mieux). Cela tombait fort à propos pour que je puisse m'adonner à une petite étude de cas sur le terrain. (Une traductrice ne connaît pas le repos.)(« Han, là, y a une faute. »)(« Ah, je n’aurais pas découpé comme ça. »)(« Donc là, on peut aller se faire voir pour comprendre ce qu’ils racontent ? »)

2) La pièce était transposée dans l’Afghanistan d’aujourd’hui. Je peux vous garantir que Valère esquissant un petit pas de danse orientale pour redonner le sourire à Elise, ça fait son petit effet. Tout comme Harpagon reprochant à son fils de le ruiner par son équipage trop luxueux et pointant du doigt les Converse de ce dernier.

3) Le dénouement m’amène à la théorie suivante dont je ne démordrai pas : un soir où il était raide déchiré, le Docteur a sauté dans son Tardis, est parti chercher Molière, l’a ramené au 20e siècle et depuis, il écrit des scénarios pour Amour, gloire et beauté.

4) La mise en scène, oh, doux Sherlock, la mise en scène. J’en étais fatiguée pour le comédien jouant Harpagon. Je pense également que jamais représentation d'une pièce de Molière n'a mis en scène autant de bananes.

5) Je pense que le moment le plus… Je ne crois même pas qu’il y ait de mot pour décrire ce qu’a ressenti la salle lorsque Frosine, l’entremetteuse transsexuelle afghane s’est saisie de son téléphone portable et a proposé d’appeler le mollah Omar (« Non ! ») puis Barack Obama  (« Oui !! ») pour lui demander d’intervenir pour résoudre la situation matrimoniales des personnages principaux (où c’est un tout petit peu le bazar, je maintiens mon point 3)(Et je n’invente RIEN.) Je crois qu'on a retrouvé le brouillon de scènes que Jean-Baptiste nous avait cachées, le filou.

Je soupçonne Harpagon de consommer quelque substance illicite.

Mercredi soir, puisque j’ai cette fâcheuse tendance à oublier régulièrement que le théâtre, même en dose homéopathique, me rend tout de même la vie plus douce, j’en ai donc profité pour retomber amoureuse du théâtre et de Molière.

A l’avenir, je tâcherai simplement de me souvenir qu’écouter Avenue Q lorsqu’on déborde d'euphorie post-théâtrale n’est pas conseillé. En effet, je doute fort que quiconque ait envie de m’entendre piailler « If you were queeeeer, I’d still be heeeere » à 23h dans le métro.

Ah, et aussi, écrire des brouillons d’articles de blog pleins d’amour au verso de mon itinéraire GoogleMaps dans un métro qui bouge n’était pas l’idée du siècle.
(D’ailleurs, le monsieur assis en face de moi a eu l'air de penser qu’il était en train d’assister à la genèse d’un chef d’œuvre de la littérature. Désolée, monsieur.)

18 juillet 2012

Brêve musicale

Il faut vraiment que j'arrête d'écouter ma playlist Disney au boulot parce qu'un jour, un collègue va entrer dans mon bureau pendant que je lèverai ma bouteille d'eau vers le plafond en chantant "C'est l'histooooooiiiiiiire de la viiiiiiie."
(Je sais, c'est follement original.)
Ou, pire, il me trouvera debout sur mon bureau, à brandir ma lampe et à crier "Je saurai faire de vrais hommes de vous !"

Et je n'ai pas besoin de ça.
Vraiment pas.

17 juillet 2012

Brêve people

La question existentielle du jour restera "est-ce que oui ou non j'ai effectivement pris le bus avec Pénélope Bagieu ce matin ?"

14 juillet 2012

Festoyons

Quand on n'a pas sous la main des collègues canadiens à qui organiser un buffet de 14 juillet de folie, je pense sincèrement que la meilleure façon de célébrer la fête nationale est d'écouter The Book of Mormon en boucle et de regarder Doctor Who.

Et puis regarder pousser les coquelicots.

11 juillet 2012

La loi des séries

Lors d'une discussion avec une de mes collègues sur la supériorité des séries britanniques par rapport aux séries américaines (j'aime autant vous dire que les séries françaises étaient hors jeu dès le départ), un des arguments sur lequel nous sommes tombées d'accord était le penchant décidément moindre des Britanniques pour le happy-end et la mort méritée des méchants après un émouvant repentir yeux pleins de larmes dans les yeux pleins de larmes du héros.

En clair, ce qu'on préférait chez les séries britanniques, c'est que pléthore d'innocents y crèvent de façon totalement injuste, que les méchants n'y sont jamais vraiment morts et que le repentir, tu peux toujours l'attendre entre deux attaques visant à détruire tout l'univers (pour ne pas citer une certaine race de robots extraterrestres psychopathes).

Et tant qu'à partir sur le côté légèrement psychopathe des créateurs et scénaristes de séries britanniques, n'oublions tout de même pas que ce sont eux qui ont inventé le concept de série le plus SADIQUE au monde.

Ainsi donc, imaginons que le héros soit le dernier survivant d'une espèce dont la planète a été anéantie (avec, forcément, toute sa famille). Il voyage dans le temps et l'espace et sauve le plus de gens et de planètes possible. Il rencontre des gens, s'attache plus ou moins eux, certains meurent ou le laissent tomber, d'autres voyagent un temps avec lui mais finissent toujours par partir, il se sent responsable de tous les maux de l'univers qu'il ne parvient à guérir et de toute mort qui survienne en sa présence et va régulièrement déprimer face au sort de l'univers, notamment des humains qui sont de gros boulets et qu'il affectionne particulièrement.

Résultat, je te le donne en mille : tu t'attaches au bel acteur écossais qui joue le héros, qui parle à 200 à l'heure, saute dans tous les coins, a le plus joli sourire du monde (de l'univers) et BAM. Fin de la saison, tiens, ton acteur adoré s'en va et on va le remplacer par un petit Anglais absolument adorable qu'on t'arrachera de sous le nez d'ici 3 ou 4 saisons. Pareil pour ses amis qu'on changera de temps en temps et qu'on fera partir, si possible d'une façon à briser le cœur du héros, des téléspectateurs et de tout le monde au passage. Break ALL THE HEARTS.

Et ça fait 32 saisons que ça dure. Masochisme puissance un million, bonjour.

Les Britanniques, ce sont eux qui ont créé le personnage de Rory Williams, l'homme le plus adorable du monde (pardon, de l'univers) et qui le font mourir tous les trois épisodes. Qui fait ça ? QUI ?

Bonjour, je m'appelle Rory. Je suis adorable.

Et comme si ça ne suffisait pas, les petites merveilles qui nous viennent de chez eux comportent treize ou dix épisodes par an en te laissant sur les cliffhangers parmi les plus cruels de l'histoire de la télévision. Treize épisodes par an, que dis-je, trois épisodes tous les deux ans !

Cela dit, les Britanniques sont aussi les seuls à pouvoir sauver le monde et l'univers avec du thé (véridique).

Maintenant, promis, j'arrête de parler de Doctor Who, nommément ou de façon totalement subtile et détournée (et la subtilité, ça me connaît.)
Enfin, jusqu'à ce que je revoie la fin de la saison 4.

... pourrait être la devise des séries britanniques

3 juillet 2012

Ma mère, ses loisirs

Une discussion mère-fille sur le chemin de halage :
(Oui, bon, je liveblogue mes vacances avec ma mère, et alors ?)

"Attends, je vais regarder parce que je sais reconnaître la ciguë, maintenant."
"Ah oui ? Du coup, si je veux empoisonner quelqu'un, tu pourras me conseiller ?"
"Oh, tu sais, ne t'embête pas, tu prends des digitales et tu en fais une infusion. Tu présentes ça comme de l'hibiscus ou du coquelicot. Tu peux faire un mélange."

Ma mère et moi, on se comprend.

Le triomphe modeste

J'ai regardé "Le grand jeu", le dernier épisode de la saison 1 de Sherlock avec ma mère.

Lorsque l'écran noir est tombé et que le générique a commencé à défiler, elle s'est tournée vers moi avec un air anxieux pour me demander :
"Quoi ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Mais c'est pire que The Practice !"
(The Practice, la série où des tueurs en série déguisés en bonne sœur poignardent des avocates.)

Un peu plus tard, elle a insisté :
"Mais tu l'as vue, la saison 2, toi ?"
"Oui."
"Alors, tu sais tout ! Bon, il faudra que tu nous offres la suite, alors."
(Cadeau de Noël des parents : check.)

Pour toutes les fois où mes parents m'ont regardée comme une hystérique, avec un air dubitatif chargé de sous-entendus quant à mon état mental, je tiens à dire que je JUBILE.



2 juillet 2012

For my own sanity, I've got to close the door

Les regrets ne servent à rien.
Cela dit, je ne peux pas m'empêcher de penser que si j'avais connu Avenue Q il y a trois ans, j'aurais pu gagner du temps et m'épargner bien des larmes.



There's a Fine, Fine Line (Avenue Q) - Stephanie D'Abruzzo

There's a fine, fine line between a lover and a friend;
There's a fine, fine line between reality and pretend;
And you never know 'til you reach the top if it was worth the uphill climb.
There's a fine, fine line between love

And a waste of time.

There's a fine, fine line between a fairy tale and a lie;

And there's a fine, fine line between "You're wonderful" and "Goodbye."
I guess if someone doesn't love you back it isn't such a crime,
But there's a fine, fine line between love
And a waste of your time.

And I don't have the time to waste on you anymore.

I don't think that you even know what you're looking for.
For my own sanity, I've got to close the door
And walk away...

There's a fine, fine line between together and not

And there's a fine, fine line between what you wanted and what you got.
You gotta go after the things you want while you're still in your prime...
There's a fine, fine line between love

And a waste of time.