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19 juillet 2012

Instinct

Parce qu’il arrive que suivre son instinct se révèle payant, je me suis retrouvée ce week-end à acheter sur un coup de tête une place pour L’Avare ce mercredi soir (hier, donc). Partie pour consulter le programme de Paris : Quartiers d’été par simple curiosité, je n’ai su résister à l’envie de réviser mes classiques.

Par Agatha Christie, cette idée s’est-elle révélée lumineuse.

Ainsi, sans aucune autre information que la nationalité afghane des comédiens et toujours un peu sous le coup du traumatisme MacBeth (oui, toujours…), me suis-je pointée avec Bilbo sous le bras dans un théâtre du 13e.

(Ceci est un article sans transitions et qui le vit bien.)

1) Le détail technique auquel je n’avais pas réfléchi (pourtant, c’était indiqué dans le programme) : qui dit troupe afghane, dit pièce en persan et dit surtitrage (c’est mieux). Cela tombait fort à propos pour que je puisse m'adonner à une petite étude de cas sur le terrain. (Une traductrice ne connaît pas le repos.)(« Han, là, y a une faute. »)(« Ah, je n’aurais pas découpé comme ça. »)(« Donc là, on peut aller se faire voir pour comprendre ce qu’ils racontent ? »)

2) La pièce était transposée dans l’Afghanistan d’aujourd’hui. Je peux vous garantir que Valère esquissant un petit pas de danse orientale pour redonner le sourire à Elise, ça fait son petit effet. Tout comme Harpagon reprochant à son fils de le ruiner par son équipage trop luxueux et pointant du doigt les Converse de ce dernier.

3) Le dénouement m’amène à la théorie suivante dont je ne démordrai pas : un soir où il était raide déchiré, le Docteur a sauté dans son Tardis, est parti chercher Molière, l’a ramené au 20e siècle et depuis, il écrit des scénarios pour Amour, gloire et beauté.

4) La mise en scène, oh, doux Sherlock, la mise en scène. J’en étais fatiguée pour le comédien jouant Harpagon. Je pense également que jamais représentation d'une pièce de Molière n'a mis en scène autant de bananes.

5) Je pense que le moment le plus… Je ne crois même pas qu’il y ait de mot pour décrire ce qu’a ressenti la salle lorsque Frosine, l’entremetteuse transsexuelle afghane s’est saisie de son téléphone portable et a proposé d’appeler le mollah Omar (« Non ! ») puis Barack Obama  (« Oui !! ») pour lui demander d’intervenir pour résoudre la situation matrimoniales des personnages principaux (où c’est un tout petit peu le bazar, je maintiens mon point 3)(Et je n’invente RIEN.) Je crois qu'on a retrouvé le brouillon de scènes que Jean-Baptiste nous avait cachées, le filou.

Je soupçonne Harpagon de consommer quelque substance illicite.

Mercredi soir, puisque j’ai cette fâcheuse tendance à oublier régulièrement que le théâtre, même en dose homéopathique, me rend tout de même la vie plus douce, j’en ai donc profité pour retomber amoureuse du théâtre et de Molière.

A l’avenir, je tâcherai simplement de me souvenir qu’écouter Avenue Q lorsqu’on déborde d'euphorie post-théâtrale n’est pas conseillé. En effet, je doute fort que quiconque ait envie de m’entendre piailler « If you were queeeeer, I’d still be heeeere » à 23h dans le métro.

Ah, et aussi, écrire des brouillons d’articles de blog pleins d’amour au verso de mon itinéraire GoogleMaps dans un métro qui bouge n’était pas l’idée du siècle.
(D’ailleurs, le monsieur assis en face de moi a eu l'air de penser qu’il était en train d’assister à la genèse d’un chef d’œuvre de la littérature. Désolée, monsieur.)

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