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20 juin 2013

Courrier du cœur

"Demander à ma tête actuelle d'expliquer son propre fonctionnement est aussi vain que de composer votre propre numéro sur votre téléphone : dans les deux cas, cela sonnera occupé."
Nick Hornby, Vous descendez ?

Cher Nick Hornby,

Tu ne me connais pas. Je fais partie de la légion anonyme des lecteurs.
La seule relation existant entre nous a été le paiement de quelques euros, l'inscription de mon numéro de carte bancaire sur Amazon, l'argent de certains de mes proches qui parfois ont voulu me faire plaisir pour Noël et en échange de quoi on m'a tendu ou envoyé un de tes livres.
Tu as fait ton trou durablement dans ma bibliothèque il y a quelques années déjà. Mes parents ont tout fait pour me donner le plus tôt possible l'amour de la lecture et ça a marché. Depuis l'âge où ils nous lisaient les aventures de Léo et Popi à celui où j'ai pu choisir quoi lire, quand et comment, je n'ai pas arrêté ou très brièvement. Une année, j'aimerais me souvenir comment, j'aimerais me rappeler pourquoi, je me suis retrouvée avec La Bonté : mode d'emploi entre les mains. J'étais au lycée. C'est longtemps resté mon livre préféré. Jusqu'à ce que je lise Vous descendez ?, en fait. Il a alors pris sa place, jusqu'à ce que lise Housekeeping Vs The Dirt. Pour rester à la tête du classement, tu n'as à te battre que contre toi-même. Quand j'ai voulu commencer à lire des romans en anglais, c'est par les tiens que j'ai attaqués. Aujourd'hui, ils occupent la plus grande partie de ma bibliothèque et je me plais à penser que ce premier choix n'y est pas pour rien.

Un jour, tu m'as fait lire un livre sur le football. En entier. Sur le football. Un essai. Sur le football. Moi. Et j'ai ri. Et j'ai acheté tes autres livres après. Un livre sur le football. Sur l'échelle de l'improbable, on atteint des niveaux assez hauts.
Il y a d'autres écrivains qui m'ont apporté beaucoup et si je devais les citer Maeve Binchy, Agatha Christie, John Green, Alexandre McCall Smith, Racine, Edmond Rostand et la comtesse de Ségur te tiendraient compagnie au sommet du classement. Tes chroniques existentialo-littéraires, quant à elles, ont fait énormément pour moi, que ce soit dans ma relation avec les livres ou dans la vie en général. Mais tu as été le premier auteur à vraiment compter pour moi et à continuer à m'importer, malgré les années, malgré tous les changements par lesquels je suis passée (et il y en a eu).

Alors que j'étais sans nouvelles depuis Juliet, Naked, un soir, il n'y a pas très longtemps, après avoir fini un roman un peu décevant, j'ai pris le dernier volume de tes articles au Believer récemment découvert par hasard sur Internet, aussitôt commandé et fraîchement reçu, et je l'ai entamé. Pardonne-moi cet emploi de l'expression la plus cliché de la terre, mais c'était comme rentrer chez soi. Plus exactement, c'était comme rentrer dans un appartement douillet après une longue journée pluvieuse. C'était comme tremper ses lèvres dans une tasse de thé parfumée quand on n'a pas le moral. C'était comme enfoncer ses pieds dans le sable chaud pour la première fois de la saison.

Et pour ça, merci.

Veuille agréer l'expression de toute mon admiration et de ma gratitude.

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